Les Artisans du Podcast
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Le PIA prend la parole

La Tribune du syndicat des
Producteurs Audio Indépendants

Des millions d’auditeurs chaque mois, et aucun dispositif de soutien à la production : l’injuste exception du podcast

En tant qu’adhérents du PIA (le Syndicat des Producteurs Audio Indépendants), Les Artisans du Podcast ont souhaité vous partager la tribune portant sur la nécessité d’obtenir une aide à la création.

Depuis 2015, les podcasts natifs ont ouvert de nouveaux horizons créatifs. Ils ont nourri des débats fondamentaux sur des sujets sociétaux cruciaux : l’inceste, les inégalités homme-femme, la santé mentale, l’urgence écologique, les nouvelles formes de parentalité… Ils ont donné la parole aux personnes qui ne l’avaient pas. Ils ont fait entendre des violences trop longtemps restées taboues. Ils ont fait naître des voix, des récits intimes et des prises de conscience. Ils ont ému, bouleversé, fait rire. Ils ont creusé les questions d’identité qui remuent chaque jour notre pays. De nouvelles formes documentaires et de fiction destinées à de nouveaux auditeur·ices (les enfants, les jeunes…) — autour de formats de divertissement ou d’apprentissage — ont émergé et trouvé un public chaque jour plus nombreux et engagé.

Ces podcasts natifs sont reconnus par les auditeur.ices et par leurs pairs comme source d’information fiable et engageante. Ils remportent des prix journalistiques, des prix artistiques en France et à l’étranger. Ces productions sont des œuvres d’auteur.ices et portées notamment par des studios de production indépendants qui, comme la presse ou les médias audiovisuels, les financent entièrement pour les diffuser au plus grand nombre.

Les podcasts natifs font plus de 20 millions d’écoutes chaque mois*, et 37 % des Français écoutent au moins un podcast par mois**.

Mais sans aide à la création, notre travail ne pourra pas se pérenniser.

Ces podcasts sont aujourd’hui financés par nos entreprises qui engagent leurs fonds propres, sans aucun financement de plateformes de diffusion ni de dispositif de soutien — à l’inverse de ce dont bénéficient le cinéma, la télévision, la presse, l’industrie du livre.

Nous investissons chaque année plus de 5 millions d’euros dans la rémunération des créateurs (journalistes, auteur·ices, compositeu·rices…), et créons de l’emploi pour des milliers de collaborateur·ices permanent·es et intermittent·es. Des festivals dédiés rassemblent chaque année un public de plus en plus large et diversifié. Nous avons été parmi les premiers acteurs de l’audio à engager des discussions et à signer des accords avec les organisations de gestion collective tels que la SCAM, la SACD et la SACEM.

L’aide aux auteurs du ministère de la Culture mise en place en 2021 à hauteur de 500 000 euros, renouvelée pour 2022 et 2023, devait constituer une première étape et être suivie logiquement d’une aide à la production. Elle n’est jamais venue. À l’heure actuelle, des dizaines de projets ont bénéficié de cette aide aux auteurs, sans espoir de voir le jour, faute d’un écosystème de soutien structuré.

Alors que le budget du ministère de la Culture connaît cette année une « progression significative » et que la ministre Rima Abdul Malak affirme que ce budget « donne les moyens de renforcer la voix de la France dans un paysage mondial de plus en plus compétitif, mais aussi de créer des liens nouveaux, sensibles et généreux entre les artistes et les habitants », nous ne pouvons que souligner à quel point le podcast, média qui répond parfaitement à ces critères, est totalement absent des projets du ministère.

Il en va de l’exception culturelle française, de notre devoir d’informer, d’enquêter, de la pluralité des médias, mais aussi du devoir de représentativité. Nous faisons entendre des voix qui sont encore trop peu nombreuses dans le reste du paysage médiatique établi et, ce, depuis des années : des femmes, des personnes racisées, des personnes LGBTQIA+. Nous nourrissons aujourd’hui des débats essentiels qui ne peuvent venir que de nouveaux médias. Nous nourrissons la pluralité d’une création sonore plus vivace que jamais.

Un rapport de l’Inspection générale des affaires culturelles établi par François Hurard et Nicole Phoyu-Yedid a été publié en 2020 sur l’écosystème de l’audio à la demande. Trois ans plus tard, les pistes d’action qui avaient été évoquées sont restées lettre morte. Depuis 4 ans maintenant, nous échangeons avec les pouvoirs publics dans l’objectif de structurer et accompagner le développement de ce marché, en vain. 

Les membres du PIA demandent que soit mis en place :

1 — La reconnaissance d’un vrai statut pour l’œuvre sonore : aujourd’hui, elle n’est pas définie dans la loi, ni comme œuvre audiovisuelle, ni comme de la presse.

2 — La création d’un mécanisme d’aide à la production sur le même modèle existant dans tous les secteurs culturels en France : cinéma, télévision, jeu vidéo, réalité virtuelle, spectacle vivant, édition, musique, presse…

3 — Un crédit d’impôt pour la production audio pour certaines dépenses de production éligibles sur le modèle du crédit d’impôt audiovisuel et phonographique.

Il est urgent de créer un dispositif de soutien pour le secteur du podcast en France, afin de pérenniser la création française dans un écosystème aujourd’hui menacé par une offre internationale très concurrentielle, poussée par la domination des plateformes et des contenus anglo-saxons, et le déploiement non maîtrisé de l’IA.

Nous demandons des actions concrètes pour que les producteurs continuent à découvrir des talents et développer des œuvres, faire travailler les auteur.ices, réalisateur.ices, musicien.nes, ingénieur.es du son qui sont les forces vives de l’un des mouvements les plus créatifs de ces dernières années : le podcast.

*selon le dernier classement ACPM

** Étude CSA HAVAS Paris Podcast Festival 2023

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