Avez-vous déjà entendu parler de la musique électroacoustique ? Ces pièces sonores mystérieuses, aux sons difficilement reconnaissables et qui vous transportent dans d’autres univers… Virginie Viel, artiste de 37 ans, et docteure en la matière, nous a permis d’en percer les secrets. C’est pour vous, les amoureux du son !
Un petit peu d’histoire
Née dans les années 1950, la musique électroacoustique est imaginée d’abord par le polytechnicien Pierre Schaeffer. Il s’agit d’une technique de production de pièces musicales qui travaille le son comme une matière.
À l’origine, les créateurs s’amusaient avec les bandes, en les coupant, en faisant des fondus, des mises en boucle, des mises à l’envers… L’idée de Pierre Schaeffer est d’écouter les sons pour eux-mêmes, en se détachant de leur sens, qu’il s’agisse d’un bruit de porte, du son d’une locomotive, d’un rire… Il a d’ailleurs créé tout un vocabulaire pour les caractériser, notamment dans le Traité des Objets Musicaux (essai interdisciplines, Éditions du Seuil), paru en 1966).
Des possibilités sonores infinies
Aujourd’hui, ce genre musical regroupe de nombreux courants artistiques très divers, car les possibilités créatives sont infinies ; techniques de studio modernes, sons acoustiques et électroniques illimités… La musique électronique, d’ailleurs, en fait partie !
Détachée des codes de la musique classique, la musique électroacoustique travaille plutôt le son en termes de texture, de densité, de hauteur et orchestre son comportement dans l’espace. De là naissent des objets sonores que l’on ne peut identifier. Ils évoluent au gré de mouvements spatiaux joués par le compositeur, créant ainsi une expérience immersive unique pour le public.
Le résultat ? Des œuvres composées qui génèrent des univers complètement décalés, entre réalité et monde imaginaire, un monde perceptif qui va au-delà du sonore. L’expérience est captivante.
Une écoute immersive et sensorielle
Attention, il ne s’agit pas de musique pour danser ! Ces pièces s’écoutent dans des contextes très particuliers. L’acousmatique, un des courants du genre, a par exemple été pensé par François Bayle comme une expérience uniquement sonore.
Les œuvres sont diffusées dans des salles de concert équipées de 8 à 80 haut-parleurs, formant un véritable orchestre, dans l’obscurité et sans aucun stimulus visuel. Le son navigue dans l’espace au gré des propriétés des haut-parleurs.
L’objectif est d’offrir une expérience unique où l’écoute nourrit l’imaginaire. Le jeu sur les textures, les rythmes et la spatialisation du son permettent de libérer des images mentales et des formes créatives très puissantes.
La musique au service d’une œuvre
Si l’acousmatique s’écoute donc sans support visuel, d’autres œuvres de musique électroacoustique peuvent être utilisées pour sonoriser des spectacles vivants, des chorégraphies ou encore des films.
Au service de l’œuvre, la musique électroacoustique se rapproche du Sound Design. Elle est également prisée des musées et permet aussi de créer des installations sonores interactives !
Une composition libre
D’où vient l’inspiration, à partir de quoi les artistes composent-ils ? Encore une fois, pas de règles, certains partent d’une idée de texture sonore, d’une résonance à explorer… D’autres cherchent à partir de ce qu’ils veulent exprimer, une émotion, un souvenir, un événement…
Virginie Viel, par exemple, explique avoir travaillé sur une pièce représentant l’angoisse face à un conflit au Moyen-Orient. Certains artistes travaillent plutôt sur des concepts de forme musicale ou de couleurs, la musique électroacoustique peut également s’apparenter à l’abstraction en peinture.
La composition d’une pièce peut durer plusieurs mois. Parfois, elle répond à des demandes (un concert, un CD, une pièce pour accompagner une œuvre visuelle ou de spectacle vivant), parfois aussi elle se fait en collaboration avec d’autres artistes, des acteurs, des musiciens…
Ces compositions intuitives reposent sur le pouvoir très évocateur du son. Chaque artiste crée un univers qui lui est propre. Dans le studio du compositeur, en période de création d’une œuvre, le son tisse peu à peu sa toile, immergeant le compositeur dans un cocon musical, poétique, embryon de la pièce finale, unique.
La musique électroacoustique permet de libérer des images mentales ou d’autres formes créatives, ce que cherchent à faire certains podcasts, et semble être un élément sonore très intéressant pour imaginer des univers toujours plus riches et sensoriels. Les possibilités artistiques sont infinies, car la matière sonore et ses emplois sont illimités.
Pour expérimenter la musique électroacoustique en vous plongeant dans ses pièces originales, rendez-vous sur la page de Virginie Viel !